Premières images du canon antiaérien Terrahawk en Ukraine
Premières images du canon antiaérien Terrahawk en Ukraine
© Ukrainian Armed Forces

publié le 24 novembre 2025 à 06:30

1516 mots

Premières images du canon antiaérien Terrahawk en Ukraine

Une vidéo permet de confirmer que les Forces armées ukrainiennes ont reçu leur premier canon antiaérien très courte portée Terrahawk Paladin. En tant que canon semi-mobile, ce dernier peut-être redéployé facilement par un camion pour protéger une zone ou verrouiller un couloir aérien fréquemment utilisé par des drones suicides.


Quelques secondes très intéressantes

Ce 20 novembre, le 156ème régiment de missiles antiaériens de la Force aérienne ukrainienne publiait une vidéo sur les systèmes utilisés par l'unité. Pendant trois minutes, celle-ci explique les déploiements de l'unité dès le début de l'invasion russe en février 2022, avec de nombreuses images de systèmes antiaériens Buk (SA-11 Gadfly). Mais durant deux passages de quelques secondes (à partir de 01:54), la vidéo montre surtout que la Force aérienne ukrainienne comprend désormais un nouveau système antiaérien.

Le premier passage filme des militaires recharger le système en question en obus. La séquence est alors coupée par un canon antiaérien ZU-23-2 pour revenir sur une vue plus générale du nouveau système. D'apparence, il s'agit d'un camion tout-terrain 8x8 HX de Rheinmetall. Cependant, le plateau déposable qu'il transporte est très intéressant : il est équipé du système antiaérien très courte portée Terrahawk Paladin. Ces brèves images permettent de confirmer qu'au moins un système a déjà été livré par le Royaume-Uni. Le nombre exact de Paladin promis à l'Ukraine n’est pas connu.

Terrahawk Paladin

Développé et produit par l'entreprise anglaise MSI-Defence Systems (MSI-DS), cette plateforme intègre différents composants, formant une solution antiaérienne complète :

  • un canon Bushmaster II de 30 mm (Northrop Grumman) sur un tourelleau, capable de tourner à 360°,
  • quatre antennes radars MIMO (3D, AESA) de l'entreprise polonaise Advanced Protection Systems (APS),
  • le système Surveillance Acquisition Targeting Optical Systems (SATOS) de MSI-DS, regroupant notamment des capteurs électro-optiques jour et infrarouge au sein d'un tourelleau.

Les quatre antennes radars sont positionnées afin d'offrir une détection à 360°. Elles sont également placées sur un mât rétractable : il est abaissé lors des phases de mouvement. Lorsque le plateau est posé au sol, le mât peut se déployer et permet ainsi d'augmenter l'efficacité de la détection de la suite radar. Par ailleurs, le choix d'une plateforme aux standards ISO et DROPS (Demountable Rack Offload and Pickup System) permet à la plateforme d'être totalement indépendante du camion utilisé pour la déplacer. Si dans ce cas-ci, le camion utilisé est un camion de Rheinmetall, MSI-DS présentait son Terrahawk au salon Eurosatory 2022 sur un camion Zetros 8x8 de Mercedes-Benz.

Un canon moderne

Aujourd'hui, l'Ukraine doit faire face à des attaques de drones suicides tactiques à longue portée. Les modèles les plus connus sont les Shahed d'origine iranienne ou leurs équivalents russes Geran. Leur coût de production est estimé autour de 40 000 euros l'unité et sont donc produits en masse par la Russie. Alors certes, l'utilisation de missiles sol-air ou air-air est bien plus coûteux mais il faut aussi prendre en compte le coût d'interception indirect : quel est le coût des infrastructures sauvées ? Des munitions sauvées ? Sans compter la perte stratégique d'une usine qui produit des matériels militaires ? Etc. Cependant, l'utilisation de missiles demande aux chaînes de production de pouvoir suivre la cadence... ce qui n'est pas faisable d'un point de vue industriel. C'est encore moins le cas au niveau financier : ces missiles ont un coût de production qu'il faut prendre en compte pour les finances d’un État en guerre.

Dès lors, le canon antiaérien représente une solution d'un point de vue industriel mais aussi financier. S'il est bien plus facile à produire que la plupart des systèmes antiaériens de courte ou de moyenne portée, ses munitions le sont tout autant. Les obus de 20, 30, 35,... mm peuvent être produits bien plus rapidement et sont bien moins coûteux que des missiles de courte ou de moyenne portée. Mais bien évidemment, la portée est limitée à quelques kilomètres, nécessitant le déploiement de plusieurs canons antiaériens pour couvrir la même zone de défense qu'un missile antiaérien.

Alors bien évidemment, l'Ukraine alignait déjà des canons antiaériens avant 2022. Comme expliqué au début de l'article, la vidéo même de l'unité antiaérienne montre justement un bitube de 23 mm. Les Forces armées ukrainiennes déploient également de nombreux véhicules tout-terrain modifiés pour accueillir des mitrailleuses légères ou lourdes. Ces véhicules sont alors déployés rapidement vers les zones de passage des drones suicides tactiques longue portée russes détectés par les radars et systèmes d'écoute ukrainiens. Cependant, la portée limitée de ces armes demande un placement des plus précis sous les axes d'approche estimés. Et quand bien même, l'efficacité de la neutralisation des drones dépend du militaire maniant l'arme : il doit d'abord apercevoir le drone mais aussi estimer à l’œil nu la distance entre son arme et le drone pour aligner son tir.

Inversement, les Forces armées ukrainiennes peuvent compter sur un plus petit nombre de canons antiaériens mobiles/semi-mobiles guidés par radar. Ils peuvent détecter à courte distance - en générale, à moins de 20 kilomètres - les cibles aériennes et ensuite, diriger le canon vers la cible avec grande précision. La presque totalité de ces canons sont également équipés de caméras jour/nuit, capables d'identifier la cible visée. Le Paladin se distingue aussi de ces canons guidés en offrant une solution complète ; le radar, la caméra et le canon sont tous placés sur le plateau déposable. Ainsi, s'il peut être connecté avec d'autres Paladin ou encore intégré dans une bulle antiaérienne multicouche, un unique Paladin peut aussi être déployé seul pour fournir une protection antiaérienne légère.

Il faut toutefois préciser que ce canon est semi-mobile : il peut être facilement transporté d'une zone à une autre. Toutefois, lorsqu'il est utilisé, celui-ci est immobile, comme par exemple les canons antiaériens Skynex (également sur plateau) de Rheinmetall fournis par l'Allemagne. De fait, ces canons semi-mobiles sont utilisés pour protéger des infrastructures, pour verrouiller un couloir aérien (en faible altitude), pour protéger des regroupements de troupes, des postes de commandement,... En revanche, pour protéger des véhicules, des blindés, chars de combat,... et autres mouvements militaires, la solution se trouvent dans des canons mobiles et guidés par radar. Pour rester sur Rheinmetall, les Pays-Bas ou encore le Danemark ont d'ailleurs choisi le Skyranger 30. L'Ukraine sera également équipée en Skyranger 35 sur châssis de char Leopard.

Tirs d'un Skyranger 35 sur un châssis de Leopard 1 sur le champ de tir d'Ochsenboden (Suisse)(18-19 septembre 2024).
Tirs d'un Skyranger 35 sur un châssis de Leopard 1 sur le champ de tir d'Ochsenboden (Suisse)(18-19 septembre 2024). © Rheinmetall
Tirs d'un Skyranger 35 sur un châssis de Leopard 1 sur le champ de tir d'Ochsenboden (Suisse)(18-19 septembre 2024).

FrankenSAM

En dehors des quelques secondes sur le Terrahawk Paladin, la vidéo montre principalement des systèmes antiaériens mobiles moyenne portée Buk-M1 (SA-11 Gadfly) au combat. Cependant, une partie de la vidéo permet aussi d'apercevoir un Buk modifié. Pour rappel, le Buk a été développé et produit sous l'époque soviétique. Il est donc pensé pour utiliser des missiles répondant à des standards soviétiques ou par après, russes. Cependant, face aux manques de missiles en question, les ingénieurs ukrainiens, en coopération avec les ingénieurs de pays soutenant l'Ukraine ont modifié plusieurs Buk. Ceux-ci utilisent désormais des missiles répondant aux standards OTAN : les RIM-7 Sea Sparrow. Jusqu'il y a peu, ce type de modification paraissait impensable mais a déjà fait ses preuves en Ukraine. D'ailleurs, cette utilisation de systèmes antiaériens soviétiques équipés en missiles répondant aux standards OTAN a vu apparaitre la dénomination FrankenSAM, en référence à Frankenstein.

Pour rappel, le RIM-7 Sea Sparrow est la version surface-air du missile air-air AIM-7 Sparrow. Développé aux États-Unis, ce missile est surtout utilisé depuis des navires de surface, bien que ce missile a déjà été utilisé depuis quelques batteries sol-air. Déployé pour la première fois en 1976 au sein de l'US Navy, il ne doit pas absolument pas être confondu par le bien plus récent RIM-162 Evolved Sea Sparrow (ESSM), dont la version RIM-162D est entrée en service dans l'US Navy en 2004. Concrètement, s'ils utilisent tous les deux un guidage radar, le Sea Sparrow est un missile courte portée (moins de 20 kilomètres) alors que sa version améliorée ESSM est de moyenne portée, avec plus de 50 kilomètres annoncés.

Tir d'un missile Sea Sparrow par un système antiaérien Buk ukrainien modifié en FrankenSAM (20 novembre 2025).
Tir d'un missile Sea Sparrow par un système antiaérien Buk ukrainien modifié en FrankenSAM (20 novembre 2025). © Air&Cosmos, Ukraine Armed Forces
Tir d'un missile Sea Sparrow par un système antiaérien Buk ukrainien modifié en FrankenSAM (20 novembre 2025).

Multicouche

L'apparition de ces différents systèmes antiaériens permet ainsi à l'unité en question de pouvoir créer une bulle antiaérienne multicouche, avec des Buk-M1 en moyenne portée, Buk-M1/FrankenSAM courte portée et canons antiaériens très courte portée. L'intérêt est de pouvoir cumuler les effecteurs sur une zone pour pouvoir contrer une multitude de menaces tout en protégeant les effecteurs contre des menaces qu'ils ne peuvent traiter. Pour rester sur le Paladin, un Buk-M1 protégeant un centre logistique pourrait lui-même être protégé par un Paladin contre d’éventuels mini-drones suicides russes.

Cependant, cette bulle multicouche n’est jamais applicable sur le terrain, comme le démontre l’Ukraine. Le front à lui seul fait 1 200 kilomètres et sur une profondeur de 40 kilomètres. Les arrières doivent aussi être protégés des drones suicides tactiques longue portée, missiles balistiques, missiles de croisières, etc. Alors bien évidemment, l'aviation de combat ukrainienne participe, comme aperçu récemment avec un avion de combat Mirage 2000-5F livré par la France. Mais dans tous les cas, même avec deux fois plus de moyens, le territoire ukrainien ne serait pas encore protégé. Cependant, il faut aussi rappeler que la protection totale d'un territoire contre des menaces aériennes reste un mythe, un objectif inatteignable : aucun système antiaérien, et donc aucune bulle multicouche antiaérienne, n'est efficace à 100 %.

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24/11/2025 06:30
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Premières images du canon antiaérien Terrahawk en Ukraine

Une vidéo permet de confirmer que les Forces armées ukrainiennes ont reçu leur premier canon antiaérien très courte portée Terrahawk Paladin. En tant que canon semi-mobile, ce dernier peut-être redéployé facilement par un camion pour protéger une zone ou verrouiller un couloir aérien fréquemment utilisé par des drones suicides.

Premières images du canon antiaérien Terrahawk en Ukraine
Premières images du canon antiaérien Terrahawk en Ukraine

Quelques secondes très intéressantes

Ce 20 novembre, le 156ème régiment de missiles antiaériens de la Force aérienne ukrainienne publiait une vidéo sur les systèmes utilisés par l'unité. Pendant trois minutes, celle-ci explique les déploiements de l'unité dès le début de l'invasion russe en février 2022, avec de nombreuses images de systèmes antiaériens Buk (SA-11 Gadfly). Mais durant deux passages de quelques secondes (à partir de 01:54), la vidéo montre surtout que la Force aérienne ukrainienne comprend désormais un nouveau système antiaérien.

Le premier passage filme des militaires recharger le système en question en obus. La séquence est alors coupée par un canon antiaérien ZU-23-2 pour revenir sur une vue plus générale du nouveau système. D'apparence, il s'agit d'un camion tout-terrain 8x8 HX de Rheinmetall. Cependant, le plateau déposable qu'il transporte est très intéressant : il est équipé du système antiaérien très courte portée Terrahawk Paladin. Ces brèves images permettent de confirmer qu'au moins un système a déjà été livré par le Royaume-Uni. Le nombre exact de Paladin promis à l'Ukraine n’est pas connu.

Terrahawk Paladin

Développé et produit par l'entreprise anglaise MSI-Defence Systems (MSI-DS), cette plateforme intègre différents composants, formant une solution antiaérienne complète :

  • un canon Bushmaster II de 30 mm (Northrop Grumman) sur un tourelleau, capable de tourner à 360°,
  • quatre antennes radars MIMO (3D, AESA) de l'entreprise polonaise Advanced Protection Systems (APS),
  • le système Surveillance Acquisition Targeting Optical Systems (SATOS) de MSI-DS, regroupant notamment des capteurs électro-optiques jour et infrarouge au sein d'un tourelleau.

Les quatre antennes radars sont positionnées afin d'offrir une détection à 360°. Elles sont également placées sur un mât rétractable : il est abaissé lors des phases de mouvement. Lorsque le plateau est posé au sol, le mât peut se déployer et permet ainsi d'augmenter l'efficacité de la détection de la suite radar. Par ailleurs, le choix d'une plateforme aux standards ISO et DROPS (Demountable Rack Offload and Pickup System) permet à la plateforme d'être totalement indépendante du camion utilisé pour la déplacer. Si dans ce cas-ci, le camion utilisé est un camion de Rheinmetall, MSI-DS présentait son Terrahawk au salon Eurosatory 2022 sur un camion Zetros 8x8 de Mercedes-Benz.

Un canon moderne

Aujourd'hui, l'Ukraine doit faire face à des attaques de drones suicides tactiques à longue portée. Les modèles les plus connus sont les Shahed d'origine iranienne ou leurs équivalents russes Geran. Leur coût de production est estimé autour de 40 000 euros l'unité et sont donc produits en masse par la Russie. Alors certes, l'utilisation de missiles sol-air ou air-air est bien plus coûteux mais il faut aussi prendre en compte le coût d'interception indirect : quel est le coût des infrastructures sauvées ? Des munitions sauvées ? Sans compter la perte stratégique d'une usine qui produit des matériels militaires ? Etc. Cependant, l'utilisation de missiles demande aux chaînes de production de pouvoir suivre la cadence... ce qui n'est pas faisable d'un point de vue industriel. C'est encore moins le cas au niveau financier : ces missiles ont un coût de production qu'il faut prendre en compte pour les finances d’un État en guerre.

Dès lors, le canon antiaérien représente une solution d'un point de vue industriel mais aussi financier. S'il est bien plus facile à produire que la plupart des systèmes antiaériens de courte ou de moyenne portée, ses munitions le sont tout autant. Les obus de 20, 30, 35,... mm peuvent être produits bien plus rapidement et sont bien moins coûteux que des missiles de courte ou de moyenne portée. Mais bien évidemment, la portée est limitée à quelques kilomètres, nécessitant le déploiement de plusieurs canons antiaériens pour couvrir la même zone de défense qu'un missile antiaérien.

Alors bien évidemment, l'Ukraine alignait déjà des canons antiaériens avant 2022. Comme expliqué au début de l'article, la vidéo même de l'unité antiaérienne montre justement un bitube de 23 mm. Les Forces armées ukrainiennes déploient également de nombreux véhicules tout-terrain modifiés pour accueillir des mitrailleuses légères ou lourdes. Ces véhicules sont alors déployés rapidement vers les zones de passage des drones suicides tactiques longue portée russes détectés par les radars et systèmes d'écoute ukrainiens. Cependant, la portée limitée de ces armes demande un placement des plus précis sous les axes d'approche estimés. Et quand bien même, l'efficacité de la neutralisation des drones dépend du militaire maniant l'arme : il doit d'abord apercevoir le drone mais aussi estimer à l’œil nu la distance entre son arme et le drone pour aligner son tir.

Inversement, les Forces armées ukrainiennes peuvent compter sur un plus petit nombre de canons antiaériens mobiles/semi-mobiles guidés par radar. Ils peuvent détecter à courte distance - en générale, à moins de 20 kilomètres - les cibles aériennes et ensuite, diriger le canon vers la cible avec grande précision. La presque totalité de ces canons sont également équipés de caméras jour/nuit, capables d'identifier la cible visée. Le Paladin se distingue aussi de ces canons guidés en offrant une solution complète ; le radar, la caméra et le canon sont tous placés sur le plateau déposable. Ainsi, s'il peut être connecté avec d'autres Paladin ou encore intégré dans une bulle antiaérienne multicouche, un unique Paladin peut aussi être déployé seul pour fournir une protection antiaérienne légère.

Il faut toutefois préciser que ce canon est semi-mobile : il peut être facilement transporté d'une zone à une autre. Toutefois, lorsqu'il est utilisé, celui-ci est immobile, comme par exemple les canons antiaériens Skynex (également sur plateau) de Rheinmetall fournis par l'Allemagne. De fait, ces canons semi-mobiles sont utilisés pour protéger des infrastructures, pour verrouiller un couloir aérien (en faible altitude), pour protéger des regroupements de troupes, des postes de commandement,... En revanche, pour protéger des véhicules, des blindés, chars de combat,... et autres mouvements militaires, la solution se trouvent dans des canons mobiles et guidés par radar. Pour rester sur Rheinmetall, les Pays-Bas ou encore le Danemark ont d'ailleurs choisi le Skyranger 30. L'Ukraine sera également équipée en Skyranger 35 sur châssis de char Leopard.

Tirs d'un Skyranger 35 sur un châssis de Leopard 1 sur le champ de tir d'Ochsenboden (Suisse)(18-19 septembre 2024).
Tirs d'un Skyranger 35 sur un châssis de Leopard 1 sur le champ de tir d'Ochsenboden (Suisse)(18-19 septembre 2024). © Rheinmetall
Tirs d'un Skyranger 35 sur un châssis de Leopard 1 sur le champ de tir d'Ochsenboden (Suisse)(18-19 septembre 2024).

FrankenSAM

En dehors des quelques secondes sur le Terrahawk Paladin, la vidéo montre principalement des systèmes antiaériens mobiles moyenne portée Buk-M1 (SA-11 Gadfly) au combat. Cependant, une partie de la vidéo permet aussi d'apercevoir un Buk modifié. Pour rappel, le Buk a été développé et produit sous l'époque soviétique. Il est donc pensé pour utiliser des missiles répondant à des standards soviétiques ou par après, russes. Cependant, face aux manques de missiles en question, les ingénieurs ukrainiens, en coopération avec les ingénieurs de pays soutenant l'Ukraine ont modifié plusieurs Buk. Ceux-ci utilisent désormais des missiles répondant aux standards OTAN : les RIM-7 Sea Sparrow. Jusqu'il y a peu, ce type de modification paraissait impensable mais a déjà fait ses preuves en Ukraine. D'ailleurs, cette utilisation de systèmes antiaériens soviétiques équipés en missiles répondant aux standards OTAN a vu apparaitre la dénomination FrankenSAM, en référence à Frankenstein.

Pour rappel, le RIM-7 Sea Sparrow est la version surface-air du missile air-air AIM-7 Sparrow. Développé aux États-Unis, ce missile est surtout utilisé depuis des navires de surface, bien que ce missile a déjà été utilisé depuis quelques batteries sol-air. Déployé pour la première fois en 1976 au sein de l'US Navy, il ne doit pas absolument pas être confondu par le bien plus récent RIM-162 Evolved Sea Sparrow (ESSM), dont la version RIM-162D est entrée en service dans l'US Navy en 2004. Concrètement, s'ils utilisent tous les deux un guidage radar, le Sea Sparrow est un missile courte portée (moins de 20 kilomètres) alors que sa version améliorée ESSM est de moyenne portée, avec plus de 50 kilomètres annoncés.

Tir d'un missile Sea Sparrow par un système antiaérien Buk ukrainien modifié en FrankenSAM (20 novembre 2025).
Tir d'un missile Sea Sparrow par un système antiaérien Buk ukrainien modifié en FrankenSAM (20 novembre 2025). © Air&Cosmos, Ukraine Armed Forces
Tir d'un missile Sea Sparrow par un système antiaérien Buk ukrainien modifié en FrankenSAM (20 novembre 2025).

Multicouche

L'apparition de ces différents systèmes antiaériens permet ainsi à l'unité en question de pouvoir créer une bulle antiaérienne multicouche, avec des Buk-M1 en moyenne portée, Buk-M1/FrankenSAM courte portée et canons antiaériens très courte portée. L'intérêt est de pouvoir cumuler les effecteurs sur une zone pour pouvoir contrer une multitude de menaces tout en protégeant les effecteurs contre des menaces qu'ils ne peuvent traiter. Pour rester sur le Paladin, un Buk-M1 protégeant un centre logistique pourrait lui-même être protégé par un Paladin contre d’éventuels mini-drones suicides russes.

Cependant, cette bulle multicouche n’est jamais applicable sur le terrain, comme le démontre l’Ukraine. Le front à lui seul fait 1 200 kilomètres et sur une profondeur de 40 kilomètres. Les arrières doivent aussi être protégés des drones suicides tactiques longue portée, missiles balistiques, missiles de croisières, etc. Alors bien évidemment, l'aviation de combat ukrainienne participe, comme aperçu récemment avec un avion de combat Mirage 2000-5F livré par la France. Mais dans tous les cas, même avec deux fois plus de moyens, le territoire ukrainien ne serait pas encore protégé. Cependant, il faut aussi rappeler que la protection totale d'un territoire contre des menaces aériennes reste un mythe, un objectif inatteignable : aucun système antiaérien, et donc aucune bulle multicouche antiaérienne, n'est efficace à 100 %.



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